L'OISEAU VOYAGEUR

Va, pars mon oiseau voyageur !

N’attends pas l’aube paresseuse.

Près de la cheminée, s’est endormi le laboureur.

Le ciel s’embrume d’une cape nuageuse.

Les premières neiges recouvrent le sol,

Et le chrysanthème est bien accablé.

Mais toi mon oiseau, prend ton envol !

Déploie tes ailes jusqu'à mon Bien-aimé.

Plane vers celui qui m’attend et se désole.

Il se fait tard, part avant la tempête violente.

Mon Bien-aimé, de mon absence, s’impatiente.

J’écrirai pour lui les mots les plus doux,

Une lettre d’amour accrochée à ton cou.

J’erre depuis trop longtemps dans les nations,

Égarée, perdant la raison.

Mal dans ma vie, mal dans mon cœur,

Où trouver le bonheur ?

Je vais de-ci de-là, d’églises en religions,

Sans aucune satisfaction,

Sans trouver trace de mon Roi.

Voilà mes promesses, j’obéirai à ses lois,

Je suivrai toutes ses voies,

Je ne pécherai plus contre Sa Sainteté.

Mon sol est dévasté et mes villes ruinées.

Mon Roi, mon Bien-aimé, rebâtit les décombres !

Fais-moi sortir de la vallée de l’ombre !

Donne-moi un cœur nouveau,

Mets en moi un esprit nouveau.

Ôte de mes entrailles mon cœur de pierre,

Et donne-moi un cœur de chair.

Aveugle tu m’as rendue,

Mais aujourd’hui, rends-moi la vue !

Les peuples se raillent de moi,

Et me voilà sans force comme la biche aux abois.

Mon patrimoine est devenu le bien de mes ennemis.

Je suis perdue, méprisée et sans pays.

Pars, oiseau du bonheur,

Prends garde à celui qui veut mon malheur.

Vole jusqu’à Sion !

Jusqu’à la maison qui porte son Nom.

Sur l’enveloppe, j’écrirai de mes larmes baignées :

"Mon Bien-aimé est à moi et je suis à Lui pour l’éternité."

Anagallis

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