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LES POÉSIES D'ANAGALLIS
9 décembre 2013

LA TRAGÉDIE DE COURRIÈRES

tenue_mineur Photo internet - Le poète mineur Jules Mousseron en tenue de mineur.

 

La catastrophe de Courrières est la plus importante catastrophe minière d'Europe. Elle a lieu entre Courrières et Lens, le samedi 10 mars 1906 et a fait officiellement 1 099 morts. Elle tire son nom de la Compagnie des mines de Courrières qui exploite alors le gisement de charbon du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais dans le Pas-de-Calais. Ce gisement fournit alors 7 % de la production nationale de charbon. Un coup de grisou suivi d'un coup de poussier dévaste 110 kilomètres de galeries dans les fosses no 2 à Billy-Montigny, 3 à Méricourt et 4 - 11 à Sallaumines. Le choc a été si fort que les cages ne peuvent plus circuler dans le puits no 3 et que des débris et des chevaux ont été projetés à une hauteur de dix mètres sur le carreau de la fosse. Trois jours après l'explosion, les recherches pour retrouver les survivants sont abandonnées et une partie de la mine est condamnée, pour étouffer l'incendie et préserver le gisement. Cette gestion de la crise par la compagnie minière a été particulièrement mal vécue par les mineurs et par leurs familles. Le 30 mars, soit vingt jours après l'explosion, treize rescapés réussissent à retrouver le puits par leurs propres moyens après avoir erré dans le noir total sur des kilomètres, un quatorzième fut retrouvé quatre jours plus tard soit 24 jours a errer dans le noir complet et les fumées toxiques. Parmi ces rescapés il y aura Les Pruvost père et fils, à noter que la mère de François Jean-Baptiste (mon arrière arrière-grand-mère) était une Pruvost, Florence Pruvost qui était âgée de 66 ans au moment de la tragédie. S’ensuivit une grève générale qui durera plusieurs semaines ce mouvement social débouchera sur l'instauration du repos hebdomadaire. *A savoir : les survivants de cette catatrophe minière sont à l'origine du mot du dictionnaire : rescapé. Ceux-ci se nourriront de briquets des morts, de l'écorce des poutrelles, de la viande des chevaux. Ils boivent de l'eau noire filtrée à l'aide de leur jupon, quand ils ne doivent pas se résoudre à consommer leur propre urine. Ils évoluent au milieu des cadavres, des restes de berlines et des éboulis. Ils s'orientent difficilement vers le puits 2, en suivant parfois les tuyaux ou leur seule intuition. Impasse, retour sur leurs pas, découragement, espoir suscité par des retrouvailles avec des survivants ou par un air moins vicié.

*
LES RESCAPÉS

Au XIXe siècle, on employait le mot échappé pour désigner celui qui était sorti indemne d’un accident. En chtimi picard, échappé se dit escapé. Plus tard, la presse inventa en 1906, à l’occasion de la catastrophe de Courrières, le mot rescapé passé aujourd’hui dans le langage courant (le mot fut admis par l’Académie en 1935). Wiktionnaire








 

 

 


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 Hommage à François Jean-Baptiste mon arrière-grand-père.

  D'après ses actes d'état civil : naissance, décès,

      fiche militaire, recensement.

Je remercie également l'entraide généalogique du Nord Pas-de Calais

                                                                ______________________________________________________

                  

 Lorsque l'on parle de son arrière-grand-père, d'ordinaire, on le décrit avec les cheveux blancs comme la neige, le dos courbé, peut-être marchant avec une canne, mais mon arrière grand-père est bien différent... François Jean-Baptiste, c’était l’été, ses cheveux dorés comme la moisson des blés, ses yeux bleus couleur de l’azur, répandaient sur son visage la lumière du soleil. Une cicatrice sur sa joue droite lui donnait un air un tantinet sauvage. Pour ternir ce ciel si bleu, il fallut la mort de Roseline et de sa petite Marie, toutes deux parties un froid mois de février 1901. François Jean-Baptiste se retrouva seul avec ses trois garçons : François (mon grand-père qui n'avait que 7 ans) Victor 6 ans et Léopold 2 ans. L’histoire raconte qu'à la Cité des Corons, vivaient également une très jeune veuve Flore avec ses trois enfants, l’expérience du malheur nous apprend à secourir le malheureux, et ils se marièrent. Ensemble, ils eurent deux autres enfants Alfred et Marie, survivance de la petite Marie décédée.

 

J'IMAGINE ...

Ce samedi 10 mars 1906, François Jean-Baptiste se lève tôt comme à l'accoutumée, afin d’être à l'heure à la mine. Les enfants dorment. Aujourd’hui, François 13 ans et Victor 12 ans, les galibots n'iront à la mine qu'un peu plus tard. Flore, lui a préparé son briquet (casse-croûte et café sucré), il n'aura que 20 minutes pour le manger au fond de la mine. Mais ce matin, il est inquiet .

Le feu couve dans une des galeries de la fosse 3 de Méricourt , comme le puits 2 de Billy-Montigny, le 4 et le 11 de Sallaumines, exploitée par la Compagnie des mines de Courrières.. À 5h30, il arrive à la fosse n°4 de Sallaumines, ça va, la cité des corons où il demeure n'est pas très loin. Le temps de saluer ses camarades et le voilà déjà dans la salle des pendus, à l'aide d'une chaîne, il fait venir à lui ses vêtements de travail, puis remonte ses vêtements de ville à l'aide du treuil, tous les habits sont ainsi suspendus au plafond comme des silhouettes inanimées. François Jean-Baptiste passe à la lampisterie pour y retirer une lampe à huile, il fera partie de la seconde descente, 12 m par seconde, il faut avoir le cœur bien accroché, la peur doit être vaincue même par les enfants ; les chevaux sont prêts, ces chevaux vivent au fond de la mine et ne revoient le jour qu'après de longues années pour les plus robustes. Le travail est dur pour l'animal comme pour l'homme, mais le cheval sera un ami véritable pour le mineur, il sera son compagnon, à la vie à la mort. Il est 6h30 du matin, François Jean-Baptiste pioche, tape, il aura du pain à donner à sa grande famille, et cela lui donne du cœur à l'ouvrage, mais il n'est pas tranquille, son expérience lui fait pressentir un drame, seulement, les ordres sont les ordres. Ses cheveux si blonds se tintent de gris et bientôt l'on ne verra plus que ses yeux bleus, couleur d’azur et sa cicatrice sur sa joue droite disparaîtra sous un voile de poussière noire. Il pense à Flore qu'il a laissée comme tous les jours à la maison avec les enfants ; il est 6h45, quand soudain l'on entend un grondement sourd, c'est l'explosion, ce sera la tragédie de Courrières qui fera 1099 morts sans doute davantage, pas une famille ne sera épargnée, endeuillée d’un mari, d'un fils, parfois des deux, parfois plus. Dans les corons avoisinants, les portes, les fenêtres des maisons s'ouvrent, partout, on s'interroge et l'on tremble. Il y aura 110 kilomètres de galeries dévastées. Flore met son châle sur ses épaules, elle grelotte, elle court à la fosse n° 4, suivie de François, là un spectacle apocalyptique les foudroie, des gens courent de tous les côtés, il ne lui faut pas longtemps pour comprendre, "Jean-Baptiste crie-t-elle !" Elle attendra comme toutes les autres femmes de mineurs en colère durant de longues heures. Les cadavres, sortis de la mine, défilent devant leurs yeux, les restes de certains seront mis dans des sacs, les chevaux carbonisés seront entassés pour ne former qu'un immense monticule morbide. Les listes des victimes s'allongent sur de grands tableaux noirs, Flore y verra le nom de François Jean-Baptiste. L'enterrement du millier de victimes se fera sous un ouragan de neige, comme si le ciel lui aussi portait le deuil, pourtant le printemps n'était pas très loin. Sallaumines dénombrera à elle seule, 304 victimes dont 61 galibots. Flore mourra dans la même année, de chagrin paraît-il, laissant orphelins 8 enfants, Flore n'avait pas 30 ans. Les enfants de son premier mariage seront élevés par la famille de son premier époux, Alfred sera recueilli par l’oncle Constant, Léopold et Marie par tante Jeanne, François et son frère Victor par l’oncle Augustin.

François Jean-Baptiste avait 38 ans.

                                            

 

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 Sans titre 3

 

 

 

 

 

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