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LES POÉSIES D'ANAGALLIS
23 octobre 2013

MON GRAND-PÈRE CE POILU

 

 

 

Capture

 

 

Mon Grand-père, ce poilu

 

J'aimerais vous parler d'un poilu. Je l'ai très peu connu et pourtant, j'ai tant de souvenirs.
Ce poilu est mon grand-père paternel.
La guerre 14-18, il l'a faite. Souvent, il me mettait sur ses genoux près du poêle à charbon et il me la racontait cette fameuse guerre, mais j'étais bien trop petite pour comprendre. Ce que je sais, c'est que ses paroles, je les "buvais". Amoureuse de mon grand-père ? Oui, je l'étais ! Je le revois encore avec son pantalon et ses grosses bretelles, sa moustache et sa casquette. Je me souviens, avec mon frère, il nous emmenait faire des balades dans une charrette attelée à son vieux vélo. Ma grand-mère disait que cela était dangereux et il se faisait gronder, d'ailleurs, il se faisait souvent gronder mon grand-père, mais on s'en fichait tous les trois et l'on partait pour l'aventure. Je me souviens de ces jeux où, il faisait passer un élastique sur deux doigts et d'un seul coup ouvrant sa main, l’élastique apparaissait sur tous, miracle de mon grand-père ! Je me rappelle aussi son genou tout bleu, meurtri par un éclat d'obus, début de gangrène, ah ! Drôle de guerre, il avait eu de la chance, sa jambe était encore là ; et ses syncopes ! Maman nous disait : "restez à l'étage dans les chambres ! "Mais notre curiosité était bien plus forte et du haut de la petite fenêtre des escaliers, nous regardions impuissants à la scène.
Il revenait à lui et l'on était soulagé, pas de docteur surtout, il n'en voulait pas, "à la guerre comme à la guerre" disait-il. Il avait dans le regard,  la tristesse de son enfance minière, orphelin de mère à 7 ans, le galibot avait perdu à 13 ans, son père dans la tragédie de Courrières. Oui, je me souviens de tout cela, des vacances que nous passions dans ce nord de la France, les corons, les mines de charbon, la pluie, la chienne Rita et la bonne soupe de ma grand-mère.
Je repense à la dernière image de ce grand-père aimé :
la voiture prête, les bagages dans le coffre, nous nous éloignions et je le revois, lui le "poilu" sur le trottoir nous disant au revoir de la main. Il était dur à la douleur mon grand-père, mais là, je voyais bien que ses yeux brillaient !
Je n'oublierai jamais cet "au revoir" qui était un adieu, j'avais neuf ans. Je n'oublierai jamais non plus le télégramme et le faire-part décoré d'un ruban noir dans la boîte aux lettres.

 

 

Mon grand-père protestant n'a été enterré dans aucune église, pas de messe, directement au cimetière selon ses volontés.

 

 

 

 

                                                                                             Copyright © www.mon-poème.fr 2013

 

 

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